LE CHEVALIER MORGHEDOC
Quand la nuit tombe sur Gagavir, les Ministres quittent le palais, et rentrent chez eux.
Le bruit de leurs pas et de leurs voix décroît ; peu à peu les salles et les couloirs se vident, le silence s’installe ; Morgana la Panthère Magique vérifie que tout est en ordre, tire les rideaux, éteint toutes les lumières, puis va s’installer au poste de garde, devant la Grande Porte.
La Reine Gougoupe se retrouve seule dans son immense Palais.
Car Gougoupe est reine ; mais la Reine est seule.
Alors souvent, une grande mélancolie s’empare de son âme, son regard se voile, et elle se met à rêver du Chevalier Morghedoc, qu’elle attend depuis toujours.
Elle l’attend des nuits entières depuis des années, mais il ne vient pas. Elle est sûre pourtant qu’il existe, elle est convaincue que s’accomplira la prédiction.
En effet, il est dit dans le Grand Livre de l’Amour, celui que depuis la nuit des temps tous les êtres du monde écrivent à l’encre dorée de leurs rêves , qu’un chevalier nommé Morghedoc viendra poser la main sur son sein pour y répandre une douce et bénéfique chaleur.
Il sera beau de toutes les beautés du cœur, gai et vaillant, vif et spirituel, jeune et vieux, timide et courageux, fier sans être vaniteux, fort sans être dur, aimant sans être servile, secourable et empli de compassion. Il sera sa sœur jumelle et son amant vigoureux, sa source intarissable d’eau pure et sa coupe d’ivresse, son double et son miroir.
Il sera son Roi, son roi à elle ; il sera elle, elle sera lui . Et tous les deux main dans la main ils grimperont jusqu’au sommet de la Montagne aux Rêves.
Noizette - extrait de la Planète Gagavir
